Résumé
Depuis 1990, les crises qui ont périodiquement affecté l'économie mondiale n'ont jamais freiné l'expansion de l'industrie du luxe. Cet essai met en avant une esthétisation croissante de nombreux domaines, du corps au design en passant par l'environnement urbain, dans une quête de différenciation sociale mais aussi d'une identité reconstituée.
Quatrième de couverture
Entre 1995 et 2012, le marché mondial du luxe, qui inclut traditionnellement mode, accessoires, produits de beauté, horlogerie, joaillerie, alcools, vins, parfums, est passé d'un chiffre d'affaires de 77 milliards à celui de 212 milliards d'euros. Dans le même temps, un nouveau luxe s'est développé, le luxe d'expérience, où l'on consomme palaces, festivals, instituts de remise en forme et spas, haute gastronomie, croisières, safaris et packages touristiques d'exception, automobiles de plus de 100 000 euros, réceptions mondaines, cocktails sélects, îles et yachts privés, escorts de charme et voyages spatiaux. Le chiffre d'affaires annuel de ce nouveau luxe n'est plus de 200 milliards mais de 1 000 milliards d'euros... Dans cette débauche de dépense, il s'agit d'abord de jouir. Il faut aussi se différencier avec le plus d'arrogance possible. Il faut surtout se trouver une identité, même creuse et vide, à travers une quête obsessionnelle de l'authenticité - plus authentique et plus fabriquée que jamais. Dans la ligne de son enquête sur Ibiza et l'industrialisation du plaisir, le philosophe Yves Michaud poursuit son analyse de l'esprit de notre temps où le plaisir s'accorde à merveille avec l'argent, l'excès, l'ostentation et le cynisme.