A quatre-vingt douze ans, Jean-Claude Servan-Schreiber publie ses souvenirs de guerre, relatant ainsi un parcours extraordinaire au service de la France. Petit-lits de commerçants juifs allemands arrivés en France en 1875 et parfaitement assimilés, il a accompli les meilleures études à Paris et à Oxford. Dès lors, quels pouvaient être son destin et ses choix, en 1940, quand la France se coucha devant l'envahisseur nazi ? Mobilisé dès le 13 septembre 1939, il avait vécu l'humiliation de la défaite. Tandis qu'un certain nombre de ses condisciples, fatalistes, plièrent l'échine, lui n'hésita guère : son chemin était tracé. D'emblée, il choisit de résister et de rallier l'Algérie et la France Libre, via l'Espagne et ses camps où il fut ensuite détenu plusieurs mois. Il débarqua sur les côtes de Provence en août 1944 et lit une guerre exemplaire en tant que lieutenant dans un régiment de chars de la vaillante division blindée du futur maréchal de Lattre de Tassigny. Et pourtant, cela n'empêcha pas que, malgré son courage, ce catholique par choix, engagé dans une arme, la cavalerie, profondément " vieille France " et antisémite, se vit refuser, un temps, la Légion d'honneur du fait de sa naissance.