Esclavage, le mot est puissamment évocateur. S'imposent avec lui un espace, l'Atlantique ; une logique marchande, la traite ; un régime d'exploitation, la plantation ; un temps, la modernité ; une couleur, le noir. Lui adjoindre la Méditerranée éveillera sans doute une image seconde, celle des captifs de la course misérablement enchaînés dans les bagnes d'Alger, de Bougie ou de Tunis. Or, l'examiner depuis la Méditerranée et l'affirmer au pluriel, loin de sacrifier à un artifice rhétorique, situe l'ouvrage comme une interrogation de ces deux représentations singulières qui sont généralement confondues. Des rivages baltiques au Sahel, des steppes mongoles au Sahara, vers la mer Intérieure, se révèle un riche nuancier de pratiques de capture, de régimes légaux et de logiques économiques qui structurent les formes multiples et complexes de la privation de liberté : dette, course, piraterie et traites, comme autant de questions adressées à deux représentations de l'esclavage dont la prégnance même reflète ou l'ingénuité ou l'empreinte idéologique.