Le récit qu il fait de cet enfer jaune nous fait partager un voyage à la limite de tout ce qu il y a de plus extrême : l'immensité sableuse, la fatigue, et surtout à la limite de soi-même... Car ce n est pas Fenouil qui traverse le désert, mais bien l inverse : le désert le pénètre, le traverse, le nourrit et irrigue toujours plus sa passion insatiable.
Le désert l'éblouit tant qu il n aura plus qu un désir : repartir retrouver ces mers de sable et les parcourir. Ce n'est pas un hasard s'il cite les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury, qui comparait le désert à une étrange planète avec d'enormes rochers, mystérieux météores comme abandonnées par de formidables mutants après un combat sans merci... Dans cet espace grandiose et mystérieux, les routes sont rarement tracées, ni dans le sable ni sur les cartes. Fenouil y trouve pourtant son chemin et un sens a` son histoire. Pour lui, l aventure, c est s inventer une histoire à travers la grande Histoire, à travers les temps et les époques. Il ne contente pas d être un merveilleux conteur : il est aussi un historien, un cartographe.
Et le désert est là, le vrai désert sans rien, même pas du sable. Des étendues immenses et plates dont la gravité éblouit mon œil de citadin. Au milieu, ce ruban de goudron orgueilleux et donc absurde dans sa volonté d'aller tout droit vers où ? Peu importe, l'essentiel est qu il y aille, qu il s'enfonce toujours plus avant dans le Grand Sud et moi avec lui. L'appel du désert c'est un peu comme le vertige des profondeurs.